Contenuto
Percorso : HOME > Cassiciaco > Vexata quaestio > Giovanni SforzaGiovanni Sforza: Epistolario Alessandro Manzoni
Il frontespizio dell'opera di Giovanni Sforza
EPISTOLARIO DI ALESSANDRO MANZONI RACCOLTO E ANNOTATO GIOVANNI SFORZA
VOLUME SECONDO (1840-1873)
A cura di Giovanni Sforza, Milano, 1883 - Tip. Letteraria, Via Solferino, 7
A pag. 107-113 del libro del conte Giovanni Sforza (1846-1922) viene ripubblicata la lettera di Manzoni a Poujoulat
260.
Al prof. Giovanni Giuseppe Poujoulat, a Parigi [1]
Monsieur,
Milan, 11 juillet 1843.
Je ne suis ni assez barbare, pour ignorer le nom de l'auteur de l'Hìstoire de Jérusalem, ni assez érudit, pour qu'il me füt possible de satisfaire par moi-mème aux questions, qu'il me fair l'honneur de m'adresser. Malheureusement les recherches, que j'ai faites auprès de plus savants que moi, n'ont abouti qu'à me faire ignorer, en connaìssance de cause, ce qu'il m'intéresserait, plus que jamais, de connaître de la manière la plus positive.
Une tradition assez répandue, et mème la seule qui existe sur ce sujet, place le Cassiciacum de saint Augustin à Cassago, village à environ huit lieues nord- est de Milan. J'avais toujours soupçonné cette tradition de n'ètre née, comme tant d'autres, que longtemps après l'événement, et d'une ressemblance telle quelle de nom; mes recherches ne m'ont rien fait trouver, qui püt donner mème le prétexte de lui assigner une autre origine. Le plus ancien et même le seul document, dont on ait pu me donner connaissance, est une note du dix-septième siècle , insérée dans le registre de la paroisse, où il est dit, memoriae proditum esse, que saint Augustin avait sèjourné dans le pays; cette note ajoute mème (ce qui d'ailleurs ne pourrait infìrmer en rien la tradition principale, si elle avait d'autres attestations de son ancienneté), que l'on conservait dans l'église une pierre, sur laquelle le grand Saint avait célèbre.
La transformation de Cassiciacum en Cassago m'a toujours paru forcée; et j'ai de la peine à croire, que cette terminaison en ago, qui se trouve dans une quantité de noms de bourgs et de villages de l'ancienne Gaule cisalpine, comme celle en ac dans l'ancienne transalpine, et qui est une altération naturelle de acum, ait pu dans ce cas se substituer à iciacum, en faisant disparaître une syllabe d'un son aussi marquant. Dans une carte chorographique du Milanais au douzième siècle, qui se trouve dans Giulini, Memorie spettanti alla storia ecc. della città e campagna di Milano , tome IX, il y a quelques noms ayant cette désinence; il n'y en a aucun, à une exception près, dont je devrai faire mention tout à l'heure, qui ait subi une mutilation semblable: Biliciacum est devenu Belinzago , Ambreciacum , Imbersago; e non Belago, Imbrago. Ces noms enfin suivent l'analogie commune à tous ceux qui terminent également en ago, c'est-à-dire que cette désinence n'y remplace que acum o agum, iacum ou iagum, sans absorber aucune consonne: par exemple, Carnagnm, Carnago; Magniacum, Magnago; Bartiacum , Barzago; Meiragum, Meirago (noms dans lesquels par parenthèse on reconnait tout de suite Carnac, Barjac, Menéac, Moreac et Manriac), etc. etc.
J'avais depuis longtemps été frappé de la ressemblance bien plus forte, qui se trouve entre Cassiciacum et le nom d'un autre village en Lombardie, Casciago, surtout de la manière que ce nom se prononce dans le patois milanais, et qui n'est pas avec la s qui le précède, mais y conserve le son qui lui est propre comme s'il était au commencement d'un mot séparé: Cass-ciago. Ainsi il n'y avait d'autre changement qu'un i supprimé et pour ainsi dire renda muet; ce qui est assez ordinaire au milanais et à d'autres patois de la haute Italie. D'après cela je ne savais m'expliquer, comment Cassiciacum pût se trouver accolé à Cassagum dans la table que Giulini a annexée à sa carte chorographique (page 127); d'autant plus que dans le seul document qu'il rapporte (pag. 69-70) on ne trouve que Cassagum. Je me suis adressé à. M. Cossa, homme d'une érudition rare pour l'étendue et pour la capacité, qui est adjoint à la Bibliothèque de Brera, et l'a été pendant quelques années à l'Archivio diplomatico. M. Cossa qui a justement profité de son séjour dans cet établissement (qui renferme environ soixante et dix mille parchemins, dont le plus ancien est du huitième siecle [2]) pour faire une étude approfondie de la chorographie du Milanais dans le moyen àge, m'a assuré que le nom de Cassiciacum ne se trouve dans sa forme entière dans aucun des diplomes qu'il a examinés; que Cassago n'y est que sous le nom de Cassagum, et que Casciago y est nommé Casciacum, Castiacum et moins souvent Casciagum , Castiagum. Il est d'avis que Giulini, quoique en general très- exact, s'est laissé entrainer cette fois par l'autorité de la tradition à ajouter arbitrairement le nom de Cassiciacum à celui de Cassagum. Il croit aussi que la ressemblance du nom constitue une forte probabilité pour Casciago; mais il n'espère pas, que l'on puisse trouver quelque donnée plus positive.
Au reste la probabilité est encore augmentée par le peu que Saint Augustin dit, ou laisse entendre, de la localité. D'abord, l'aménité et la montuosité qui'il attribue d'une manière indirecte, mais claire à Cassiciacum conviennent parfaitement à Casciago. Par la description qui m'en a été faite par plus d'une personne, (car, à mon regret, je n'ai pu me porter sur les lieux), Casciago, situé sur une proéminence au pied d'un groupe d'assez hautes montagnes, a pour horizon à l'ouest le Mont-Rose et la suite des Alpes, jusqu'à leur jonction avec les Apennins, qui s'étendent au sud; au sud-est, une vaste échappée, où la vue se perd; à l'est et au nord-est, les montagnes du Bergamasque et du lac de Cóme; et en dedans de ce magnifique cadre, une partie du lac Majeur; quatre autres petits lacs plus rapprochés; à l'entour un groupe de collines très-variées et très-pittoresques; plus loin la plaine presque entière, semée, comme les collines, de villes, de bourgs et de villages, dont plusieurs, au moins, devaient exister du temps de Saint Augustin, puisqu'ils portent des noms, dont la racine, ou la désinence, ou l'une et l'autre, sont évidemment gauloise. Cassago, au contraire, quoique situé dans le Monte de Brianza, territoire assez riche en beaux sites, ne jouit que d'une vue mediocre, étant place sur le penchant d'une colline peu élevée et qui ne domine qu'une vallèe assez ètroite.
A Milan il n'y a malheureusement aucune trace des lieux que la conversion de Saint Augustin aurait dû illustrer à jamais. Près de la basilique ambroisienne il y a une petite église dédiée au grand saint, dans l'endroit où l'on a cru assez longtemps qu'il avait reçu le baptême. Mais cette opinion, tout à fait arbitraire, et contraire à l'usage de ce temps, de n'admettre qu'un baptistère dans chaque ville (V. Sassi, Archiepìscorum Mediolani. Series, etc, t. I, pag. 83, et les auteurs qui y sont cités), est abandonnée de tout le monde; et une description assez moderne, qui voudrait bien attester le fait, ne trompe plus personne.
Je suis mortifié, Monsieur, de n'avoir pas su mieux répondre à la confiance, dont vous avez daigné m'honorer, et de ne pouvoir, pour ma part, que maintenir une petite brèche dans l'édifice, auquel j'aurais été heureux de pouvoir apporter une petite pierre. Heureusement la matière et l'ouvrier répondent d'avance, qu'il n'y aura dans cet édifice que des choses de ce genre à regretter.
Veuillez, Monsieur, présenter à M. l'Abbé Coeur mes remerciments d'un souvenir, qui me touche autant qu'il m'honore , et agréer les sentiments de haute et respectueuse considération, avec lesquels j'ai l'honneur d'ètre
Votre très-humble et très-obéissant serviteur Alexandre Manzoni.
P. S. J'oubliais la circonstance plus caractéristique. Il y a à Casciago un torrent qui est souvent à sec, mais qui a pu avoir assez d'eau dans la saison où Saint Augustin se trouvait à Cassiciacum. Silicibus irruens le peint tout-à-fait; et angustiis canalis interclusa ne contredit point, puisque, dans quelque endroit, le torrent est assez serré entre deux rochers. Il y a aussi une petite vallèe, d'une pente assez rapide et converte encore de prairie qui va très-bien avec ad pratum descendere, in pratuli propinqua decendere. Il n'y a , à ce qu'on m'assure, à Cassago, d'eau courante eu aucune saison [3].
(1) - Gio. Giuseppe Francesco Poujoiilat nacque alla Fare, Dipartimento delle Bocche del Rodano, il 26 gennaio 1808. Nella rivoluzione del 48 prese parte alla vita pubblica, e rappresentò il Dipartimento nativo, prima all'Assemblea Costituente, poi a quella Legislativa, votando sempre colla destra. De' molti suoi scritti, l'Hìstoire de S. Augustin, sa vie, ses oeuvres, son siècle, l'influence de son génie, pubblicata per la prima volta nel 1844 in 3 vol. in-8° è giunta nel 1850 alla terza edizione, non è il solo che abbia ottenuto l'onore d'un premio all'Accademia di Francia.
(2) - La più antica pergamena originale dell'Archivio di Stato in Milano venne pubblicata due volte dal Fumagalli (Antichità longob. milan. I, 257, Codice Diplom. Santambrosiano, pag. 1), che le assegnò la data del 721. Fu poi ristampata dal Troya (Cod. Diplom. Longob. III, 328), e recentemente dal Conte Giulio Porro-Lambertenghi (Historiae patriae monumenta edita iussu Regis Caroli Alberti; XIII, 14), che l'ha restituita alla sua vera data, cioè al 12 maggio 716.
(3) - Giovanni Flechia accenna a questa lettera in un suo recente lavoro Di alcune forme de' nomi locali dell'Italia superiore, dissertazione linguistica; nelle Memorie della R. Accademia, delle Sciente di Torino; Serie II, tom. XXVII, 297-298), né sarà sgradito che qui trascriva le sue parole, che sono utile commento alla lettera stessa: «Casciago (Com. dial. Casciagh) Cassiciacum, Cassicius. Già Alessandro Manzoni in una sua lettera al Poujolat, ha con grande verisimiglianza identificato l'odierno Casciago del distretto di Varese col rus Cassiciacum che S. Agostino. (Conf. IX, 3) dice essergli stato dato a conoscere dall'amico Verecondo, e che, secondo l'opinione più comune, venne sinor confuso con Cassago, terra appartenente essa pure alla Provincia di Como. Alle ragioni fonologiche allegate dall'illustre milanese, perchè Casciago e non Cassago devasi più regolarmente tener per derivato da Cassiciacum, egli ne aggiunge anche altre, dedotte dalle circostanze del luogo, le quali rispondono meglio che quelle di Cassago non farebbero, a certe allusioni del santo relative ai dintorni della villeggiatura. Io qui non aggiungerò altro, se non che anche questo Cassiciacum si deduce da un gentilizio Cassicius attestato da parecchie e iscrizioni romane (Cf. Murat. Th. V. Inscr.), le quali fanno f come fossevi una gente Cassicia, donde potè per avventura essere uscito quel Cassicius che, forse qualche secolo prima, era stato possessore e denominatore di quel fondo, destinato a servir poi di campestre dimora a S. Agostino. Un locale (francese, che parrebbe rispondere assai regolarmente a Cassiciacum , è Chassezac, nome di una corrente che può essere stata cosi denominata da un vicino fundus Cassiciacus ».