Contenuto
Percorso : HOME > Scriptorium > Dupuch > Documento IIDupuch: Traslazione Reliquia di Agostino
Documento numero II
DOCUMENTI AUTENTICI CITATI NELLA RELAZIONE
N. II
ANTOINE ADOLPHE DUPUCH,
par la miséricorde divine et la grace du Saint-Siége apostolique,
ÉVÉQUE D'ALGER ASSISTANT AU TRONE PONTIFICAL
au Clergé et aux Fidèles de notre Diocèse, Salut et Bénédiction
EN NOTRE SEIGNEUR JESUS CHRIST
Nos Très Chers Frères
Il y a huit jours, ce soir, à cette méme heure profondément recueillie, (pie nous vous écrivions avec effusion de coeur: nous venions de faire le premier pas de notre bèni retour vers vous: nous étions à Ostie, ad ostia Tiberina, humblement prosterné sur le seuil de la petite chambre où Monique et Augustin nous semblaient encore converser avec nous, leur indigne fìls, leur plus indigne frère; d'où nous croions presque, nous aussi, toucher un peu le ciel avec eux Oh! qu'il faisait bon demeurer là et que volontiers nous y eussions à jamais fìxé la tente que nous faut lever chaque matin, si vous ne nous eussiez pas appelé, si nous n'avions senti nos pas impatients de courir a un autre seuil, à un autre autel, à celui où nous venons de tomber à genoux et duquel nous vous écrivons encore, a toujours, pour bénir, pour rendre grâces, d'ineffables grâces à Dieu pour les biens dont il ne cesse de nous combler pour vous et avec vous.
Certes, N. T. G. F., nous avions bien raison de ne vouloir pas prévoir, de ne pas essayer par avance de goûter le mystère que nous devions trouver à son toinbeau, là, devant nous, aux pieds de cette arche si magnifìque par ses ornements, le prix de ses marbres et l'art de ses ouvriers, par la piété du saint Pontife qui vient de la relever plus magnifique encore, mais bien autrement et mille et mille fois plus magnifìque par le trésor quelle renferme depuis tant de siècles! Quels siècles, N. T. G. F., et que s'est-il passe depuis qu'ils ont commencé à se succeder ainsi jusqu'à ce soir, quel est-il ce trésor? pourquoi est-ce ici que nous apparait enfin ? N'est-ce pas le nôtre aussi, le vôtre autant que celui de cette antique et hospitalière église, la digne soeur de l'église d'Ambroise, le nôtre davantage encore, si c'est possible, si nous osons le dire dans son sein .... Et pourquoi ne le dirions-nous point? Ne l'a-t-elle pas senti en nous voyant accourir avec une joie si impétueuse et si tendre, en nous donnant ce matin, à la céne, de la bouche de son Ange, le baiser fraternel, en nous pressant entre ses bras tremblants, en nous embrassant, pour ainsi parler, plus étroitement, plus fraternellement encore sur ces cendres sacrées, en nous promettant de l'ouvrir demain sans voile, sans mesure, en nous donnant à voir, à embrasser avec elle Augustin se levant de son sépulcre pour nous bénir, nous communiquer sa vie; ainsi autrefois les ossements du prophète! .... pour revenir avec nous, car elle partagera ....
Entendez-vous bien, N. T. G. F., elle partagera! non point qu'elle puisse se dessaisir de ce que lui assurent tant de siècles de vénération et d'hommages de toute sorte, mais parce qu'elle nous donnera tout ce qu'elle peut encore donner depuis que les plus catoliques des princes et les plus fervents disciples d'un autre Augustin se sont disputé, et ont ravi a sa tendresse le fragment d'un des bras, d'un des pieds de l'infatigable apologiste, du plus infatigable des pasteurs.
Entendez-vous bien! Nous ne serons donc pas venus en vain! notre foi d'enfant et de frère n'aura pas été trompée! nos vénérables frères, les Evèques de France n'auront donc pas vainement uni leurs pieuses offrandes et leurs sacrifices à l'offrande, aux sacrifices de tout ce que nous avions de tendresse et d'amour! nous ne reviendrons donc pas seuls, mais chargé des plus riches dépouilles, mais courbé sous le poids de notre bonheur autant que du doux fardeau qui nous sera donné! Ondes célèbres , trop souvent agitées, bouleversées par les tempêtes, et qui, dit-on, vous abaissétes si dociles, si grâcieuses, sous la petite barque qui emportait en fuyant ces ossements mouillés de tant de pleurs, loin des rives désolées d'Hyppóne renversée; vous, qu'il avait tant de fois traversées, avec Monique, avec Alype, avec Adeodato avec Nèbride ... oh! abaissez-vous encore, soyez-lui, soyez nous plus gracieuses encore, car voici les jours de retour.
Ce ne sont plus des larmes amères, intarissables comme celles que Palladie avait versées dans son sein cornine le deuil de ses bien-aimés; ce sont les plus douces, les plus délicieuses larmes de la joie de son premier successeur, de ses nouveaux bien-aimés, dont ils seront inondés plus encore, si toujours il était possible. Et toi, terre chérie, terre sacrée, tressaille! lève la tête, ta tète sur les humiliations de laquelle nous pleurions naguères avec je ne sais quel mélange de cette amertume et de cette douceur; Hyppône! Hyppône la sienne, la notre, quels jours que ceux qui ont commencé à luire, qui vont bientȏt éclarer sur toi !
Et si aux ossements d'Augustin, à ceux d'Eugène de Carthage, de Cyprien, de Perpétue, de Félicité, qui déjà sont revenus, nous pouvions unir ceux de Monique, de Jacques et de Marien .... Nous l'avons demandé par Àugustin, nous l'obtiendrons, nous en attestons Ostie, et quand sera couronné le monument fraternel dont nous avons jeté notre première apparition sur tes rivages, que nous cimentâmes, au retour du jour de son sommeil, par une de nos premières ordinations, quand pourront accourir avec nous, selon leur touchante promesse, les plus heureux des évéques de ces églises des Gaules étonnées et fières de te rendre une part de ce que tu leur prodiguais alors alors! qui eût jamais pu soupçonner?
Et voilà l'Eglise de J.-C; voilà l'Eglise éternelle, l'Eglise batie sur la pierre que nous tenions si fort embrassée le matin même de notre départ pour Ostie, pour Pavie, pour Hyppône! quand le jour solennel de ce nouveau triomphe se leverà sur une de ses plus antiques, de ses plus glorieuses filles, qui pourra douter encore des desseins du maître sur toi, sur nous, sur notre mission?
Il n'y a qu'un instant, au moment où frémissait notre plume impatiente, sicut velociter scribentis, par le calme profond de la nuit qui commençait à descendre le long des vitraux sacrés, nous avions attaché nos regards humides, notre coeur qui se fondait sur le bronze de l'arche, à l'endroit méme où reposent, où se réjouissaient ses restes vénérables, comme dans leur lit de gloire, salué, chanté par le prophète, il nous semblait que les cieux étaient ouverts au-dessus, et qua notre vue, à notre approche fraternelle, tout indigne que nous en sommes mille fois, il exultait dans leur gloire .... Etait-ce une illusion, était-ce prcsque la réalité (nous ne savons vraiment) .... Oh! pardonnez-nous, vous tous qui lirez ces étranges pages; pardonnez-nous ces épanchements de notre âme qui s'en va dans la vôtre comme elle montait vers la sienne; nous ne savons, mais nous avons cru que nous pouvions lui parler, que nous entendait, qu'il nous apparaissait .... Tantôt c'était comme une nuée lumineuse qui enveloppait cette sorte d'arche d'alliance. Exultabunt sancti in gloria; laetabuntur in cubilibus suis. Avec lui, c'étaient Monique, Alype, Àdéodat, Possidius. - Pourquoi seraient-ils séparés là, eux qui ne le furent point par la mort: elle n'avait pu leur ôter leur vie qui se confondait; ce n'est pas de ce changement que parle l'Eglise, pro tuis .... enim vita mutatur, non tollitur. Tantôt il était seul: sa figure vénérable et calme, telle que l'avaient vue Palladio et son frère, s'inclinait vers nous, vous eussiez dit qu'il nous tendait la main, sa main ardente comme son coeur qui jetait des flammes!
Tantôt nous n'apercevions rien, mais nous entendions le doux, le sacre murmure de sa voix qui nous appelait, nous invitait, nous flattait presque, nous encourageait; c'étaient moins les récits du passe que les entrailles de 1'avenir qui s'entr'ouvraient. Tantôt aussi nous lui offrions tout ce qu'il nous a donné le premier par l'inexprimable vocation de Dieu sur vous et sur nous; nous lui parlions de vous, de vous tous, de la France, du saint et immortel Pontife dont nous quittons à peine les genoux paternels, de nos premiers lévites qui portent panni vous son nom tutélaire, d'Hyppône, de Tagaste, de Cirtha, de Madaure, de Carthage, de Calame, de Julia-Césarée, de Milan, d'Ostie; nous répétions, nous répétions encore ces noms; c'était a notre bouche, à notre coeur, et il nous semblait au sien, plus que le premier suc du printemps a l'abeille avide, plus que le lait a l'enfant, l'eau vive au cerf, la rosée au gazon, plus que le miel le plus pur .... Tantôt nous voulions savoir comment s'étaient prepares ces événements merveilleux qui étonnent encore de joie l'Eglise de la terre et du ciel et qui enfantent ton berceau, ô pauvre et chère Eglise d'Àfrique ! Tantôt nous lui demandions ce que tu deviendrais dans la suite des ages, dans ces premiers jours eux-mémes, peut étre de notre vivant encore, ou lorsque nous irions le rejoindre, si Oh! nous nous sommes baigné dans la fontaine, nous nous retrempons dans le feu, nous ne serons pas infìdèle, adhaereat lingua faucibus meis ! nous le supplierons, avant de le quitter, de mourir plutôt sur ce marbre où nous vous écrivons.
Etait-ce d'abord un dessein de justice ou d'amour de Dieu? ce dessein serait-il chance? est-ce pour accomplir sur toi, sur la France, sur nous une affreuse et effroyable mission, ou bien une mission de celeste miséricorde? ....
Il y a quatorze siècles qu'il priait, qu'il ne cessait de prier et avec lui Monique, Possidius, Fulgence, Eugène, Optat, et avec eux le sang de Cyprien, de Théogènes, d'Etienne, de Jacques et de Marien, de Clément et de Vincent, de Perpétue, de Félicité et de leurs frères: l'échelle d'or touchait encore de la terre aux cieux - La divine justice n'était-elle pas comme lassée, et que pouvait-elle ajouter en quelque sorte? .... Eglise d'Àlger, fille et veuve de trois cent cinquantequatre églises, que te restait-il? La main, la faible main d'enfant de celui qui t'a été envoyé en eût facilement contenu les cendres, et pas un de tes fils n'était signé de la Croix. Non, non, non! Et que ce cri qui monte au Ciel du plus profond de notre coeur, et qui retentissait, que nous avons cru entendre, que nous avons entendu si vif, si pénetrant, si tendre, en ce moment solennel, unique dans notre étrange vie, ce cri, qu'il retentisse par toutes tes voies, par tous les echos de tes rochers et de tes déserts! au coeur de notre glorieux monarque, au coeur de tes intrépides guerriers (tant de fois tu nous entendis répéter que leur épee avait façonné notre Croix, et que leur plus pur sang en avait purifìé l'or)! au coeur de tes magistrats dévoués, au coeur de tous tes enfants, quelle que soit la langue qu'ils parlent ou qu'ils entendent, fussent-ils encore armés du yatagan homicidement sacré, fussent-ils ensevelis dans les plus épaisses ténèbres de la mort .... Et vous, coeurs de prêtres, coeurs de mes premiers et plus tendres frères, gardez-le toujours! Vous qui nous accompagnez au nom de tous, rappelez-nous-le, si nous pouvions jamais l'oublier; n'avez-vous pas entendu aussi?
Et maintenant comprenez-vous pourquoi nous vous écrivons deux fois en si peu de jours? pourquoi ce soir, comme jeudi, vendredi dernier, nous ne pouvions contenir notre coeur qui deborde? pourquoi, quelque languissantes et incompletes que soient nécessairement de semblables paroles, que plusieurs trouveront pourtant trop peu mesurées, comme s'il y avait mesure dans l'incendie qui dévore, dans le torrent qui bondit, pourquoi cependant nous sommes si empressés de les envoyer devant en signe de prompte et bonne arrivéc .... Oh! bien plutôt, afin que vous unissant à nous sans le moindre délai ( il serait coupable ), ensemble nous puissions remercier celui de qui descend tout don excellent, et qui ouvre d'autant plus sa main et son Coeur que, plus promptes et plus ardentes sont les actions de graces qui multiplient ainsi les bienfaits du pére avec la réconnaissance de ses enfants. Aussi, sans mème attendre le fortune moment auquel nous touchons après tant de soupirs et de voyages, comme si déjà nous avions reçu ce que nous ne possédons encore qu'en désirs et en promesses qui ne sauraient être fallacieuses, il est vrai; dès cette première et bienheureuse nuit, nous vous avons écrit ...., nous inquiétant peu du choix de ces discours, ne les achevant même point selon que le demanderait leur artifice ordinaire et indispensable en d'autres occurrences, pourvu que vous nous ayez compris, et (ce que notre coeur nous dit) que celui qui voit le fonds du nôtre et du vôtre bénisse l'allégresse avec laquelle vous lui voulez donner ainsi que nous.
A ces causes, et l'Esprit Saint invoqué devant l'arche de saint Augustin, dans cette antique et hospitalière église de Pavie, de la plénitude de notre coeur.
Nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit:
Art. 1. A dater du jour de la reception et de la lecture immediate de notre présente lettre pastorale dans chacune des églises et chapelles de notre diocèse, et durant trois dimanches consécutifs, à l'issue des Vèpres, il sera chanté un Te Deum en action de grâces de notre béni voyage, suivi de l'antienne Doctor optime et de l'oraison de saint Augustin.
Art. 2. Durant ces quinze jours, à la Messe, tous les prêtres ajouteront les oraisons pro gratiis agendis.
Art. 3. Après ces actions de grâces solennelles, c'est-à-dire à partir du quatrième dimanche qui suivra la lecture de notre présente lettre pastorale, et jusqu'à ce que nous ayons reçu la réponse definitive à la demande que nous déposons à l'arche de saint Augustin, dans 1'église cathédrale de Pavie, et sur laquelle il nous semble que nous pouvons compter, il sera chanté, chaque dimanche, avant les Vèpres, un Veni Creator suivi du verset et oraisons ordinaires et de l'antienne O Doctor optime avec l'oraison de Saint Augustin.
Durant le même intervalle de temps , tous les prêtres ajouteront l'oraison du Saint-Esprit.
Donné à Pavie, à l'arche même de Saint Àugustin, le 24 mars de l'an de grâce 1842, sous notre seing, le sceau de nos armes et le contre-seing du chanoine archiprètre de notte cathédralc et notre bien-aimé compagnon de voyage.
ANTOINE-ADOLPHE,
Evêque d'Alger
Par mandement de Mgr. DAIDOU, ch.-archiprêtre.