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Assunzionisti di Regola Agostiniana

L'Assunzione della Vergine del Bergognone

L'Assunzione della Vergine del Bergognone

 

 

PADRE EMMANUEL D'ALZON

 

 

 

Natale 1850

 

La Révolution a eu lieu; les droits de l'homme et du citoyen ont été proclamés. L'opinion française est partagée entre les partisans du nouveau régime et les nostalgiques de l'ancien, entre les réalistes qui acceptent le fait accompli, les optimistes qui attendent un avenir meilleur, et tous les autres. En 1802, Chateaubriand publie Le génie du christianisme, ou Beautés de la religion. "Je voulais un grand bruit", avait-il dit; son livre fait grand bruit, en effet. Beaucoup de catholiques le reçoivent comme un signe éclatant de renouveau. Louis de Bonald, Joseph de Maistre militent pour le principe monarchique. Divers courants de socialisme se promettent de changer la société bourgeoise et libérale. En 1848, Marx fait paraître son Manifeste du parti communiste, en attendant Le capital (1867). Un poète, Alphonse de Lamartine, brandit le drapeau bleu, blanc, rouge, et annonce la IIe République.

Un médecin, presque totalement oublié aujourd'hui, René Villermé, a publié en 1840 une enquête qui dérange: Tableau de l'état moral et physique des ouvriers des fabriques de laine et de soie. Alexis de Tocqueville devient un classique avec ses ouvrages sur la démocratie en Amérique, sur la Révolution et l'Ancien Régime. Ces quelques noms illustres suggèrent - rappellent? - l'environnement culturel où apparaît Emmanuel d'Alzon. Il est né en 1810, d'une famille aristocratique, dans une petite ville des Cévennes, Le Vigan.

Pendant les soixante-dix années de sa vie, la France connaît de grandes dates de son histoire: la fin du Premier Empire, la révolution de 1830, celle de 1848 qui renverse Louis-Philippe, la IIe République, le Second Empire, la défaite de 1870, la Commune de Paris, la IIIe République commençante. Nous sommes à Nîmes, le jour de Noël 1850. C'est loin de Paris, mais, dans une France qui avait pris l'habitude de regarder vers le roi, le jacobinisme issu de la Révolution prend l'habitude de regarder vers le pouvoir central, toujours Paris. Là se joue l'histoire. Emmanuel d'Alzon est le fils d'un député légitimiste de l'Hérault. Par tradition de famille, et plus encore par la nature des projets qu'il va concevoir, il ne restera pas le "provincial" coupé des affaires; il deviendra un homme public.

S'il n'a pas laissé dans la mémoire officielle le même souvenir que ces autres catholiques notoires: Montalembert, Louis Veuillot, Lacordaire, Frédéric Ozanam, Mgr Dupanloup, il n'est cependant pas ignoré des historiens; ils le trouvent sur leur chemin, grâce à sa participation aux débats politiques sur la liberté de l'enseignement, la liberté de l'Église, la condition faite au peuple. On ne saurait le présenter sans s'intéresser à ses idées politiques. Ses lettres, ses discours, ses allocutions, l'action qu'il a menée à Nîmes et à Paris, montrent que les mutations politiques de la France étaient pour lui un continuel sujet de préoccupation, et qu'il eut ses opinions. Il n'a cependant pas sa théorie du politique, du pouvoir, du gouvernement; il n'a pas de parti à proposer. S'il se dit "catholique républicain", conformément à la charte du journal La Liberté pour tous, dont il fut un des fondateurs, cela veut dire: catholique d'abord, républicain ensuite.

S'il prévoit l'inéluctable montée de la démocratie et ne préconise pas le retour à la monarchie, cela veut dire que la démocratie devra être christianisée, comme il faut rendre chrétien tout l'ordre social. S'il combat pour la liberté, sans rejoindre le "catholicisme libéral" de son ami Montalembert, cela veut dire qu'il rejette l'individualisme associé à la liberté telle que la prône la Révolution. La bourgeoisie conservatrice ne satisfait pas son idéal catholique. S'il n'opte pas pour tel parti que son milieu et son éducation auraient pu lui rendre plus sympathique, cela veut dire qu'il se méfie de la récupération du religieux par les partis qui "font de la politique". Il n'a pas la rigueur de vocabulaire d'un penseur de la politique. On s'en rend compte quand son opposition au "socialisme" va rejoindre celle qu'il formule si souvent contre les révolutionnaires, les "sociétés secrètes", celles-ci étant à ses yeux le modèle de la malfaisance morale et sociale. Prenons garde aux mots du XIXe siècle et aux mots du XXe. Ils ont subi des modifications ou des déviations. Pour ne pas commettre d'anachronisme en parlant du libéralisme - je m'en tiens à ce seul exemple -, mieux vaut consulter les ouvrages d'historiens.

La personnalité et l'œuvre d'Emmanuel d'Alzon leur ont été livrées, toutes archives ouvertes, ce dont ils se sont félicités et ont remercié la Congrégation. Je cite au moins ceci de René Rémond, historien reconnu des idées politiques: "La distinction simpliste entre catholiques de droite et catholiques de gauche ne rend absolument pas compte de la situation." À tant faire que de vouloir classer d'Alzon, faisons-le dans les termes de son époque. Il est de son temps: on aura l'occasion de le redire. De son temps, par l'actualité de son attention; de son temps, par cela qui nous paraît daté. En 1850, à quarante ans, il est déjà depuis plusieurs années vicaire général du diocèse de Nîmes, dont l'évêque est Mgr Cart. Il sera au cœur de la structure diocésaine, aux côtés de plusieurs évêques et, par trois fois, refusera l'épiscopat. Il dirige un collège, nommé collège de l'Assomption. Dans la chapelle de ce collège, la nuit de Noël, il prononce, pour un an, les vœux publics de religion et reçoit ensuite les vœux de quatre de ses amis: le P. Henri Brun, les frères Victor Cardenne, Hippolyte Saugrain et Étienne Pernet.

L'événement ne fait pas la une des journaux, mais il ne passe pas inaperçu des catholiques de la région où d'Alzon se fait remarquer par une activité débordante, dispersée, comme professeur, prédicateur, conférencier, animateur de retraites, collaborateur des Conférences de Saint-Vincent-de-Paul. Ce qui se passe est un événement singulier. On assiste à la naissance d'une congrégation. Le noviciat avait été inauguré dans le collège en 1845: une fondation ne se fait pas en un jour. Après le choc de la Révolution, les vexations infligées à l'Église, la dispersion des institutions religieuses, il se produit un phénomène remarquable, inattendu. Un grand nombre d'instituts nouveaux sont fondés avant et après 1850.

Le XIXe siècle porte aussi ce signe distinctif. Dans l'histoire de l'Église, les personnages de fondateurs présentent un visage à part. Chacun est animé par un élan novateur, chacun se réclame de l'Esprit. C'est un homme - ou une femme - assez rayonnant pour grouper autour de lui des religieux, des religieuses; assez résolu pour tenir à une idée "fixe" qu'il confie à la grâce de Dieu, et donner existence à ce corps social nouveau, dans le grand corps de l'Église: un ordre, une congrégation, une "société de prêtres", etc. Le fondateur est quelqu'un qui crée; il fait bouger la vie du peuple chrétien; il croit à l'actualité toujours pressante de l'Évangile et il prouve que Dieu a besoin des hommes et d'hommes nouveaux.

Il a ce don d'invention. Il lui faut du courage, de l'initiative - d'Alzon n'en manquait pas! -, de la persévérance, de l'ascendant sur autrui, une maîtrise spirituelle, du discernement dans les vocations, sans oublier cette qualité précieuse, voire indispensable: le sens de l'organisation. Les témoins et les biographes s'accordent pour reconnaître qu'Emmanuel d'Alzon avait grande allure, au moral comme au physique. Les qualificatifs pour le peindre sont volontiers empruntés à la chevalerie. Ce qui est indubitable, c'est son zèle d'apôtre: il a entrepris tellement de choses, eu tant de projets, voués à la réussite ou non, qu'on y a vu le défaut de ses qualités. Mais les qualités garantissent la fondation. Le collège de l'Assomption a donné son nom aux premiers religieux; ce seront les prêtres de l'Assomption, les pères de l'Assomption. Peut-être faut-il cependant préciser ici que la dénomination ne suffit pas à faire des assomptionnistes une congrégation mariale au même titre que les oblats de Marie immaculée ou les maristes. Dans son collège, d'Alzon travaille en collaboration avec des laïcs.

La relation si recherchée aujourd'hui entre des religieux et des laïcs pour un partage de spiritualité, il l'avait par ses fonctions, et par son influence. À côté de l'institut religieux proprement dit, il a l'idée d'un tiers ordre pour les laïcs.