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Alzon: il villaggio natale di p. Emmanuel
LA FONDAZIONE
L'anneé 2000 a coïncidé avec la commémoration du 150 ème anniversaire de la Congrégation des Assomptionnistes, plus exactement des Augustins de l'Assomption ( A.A.), leur nom officiel depuis leur fondation à Nîmes par le P. d'Alzon ( 1810-1880), dans la nuit de Noël 1845. L'année 1850 correspond très précisément à leur première forme d'existence canonique puisque le P. d'Alzon et quatre compagnons, Victor Cardenne (Parisien), Henri Brun ( Lozérien, également prêtre ), Etienne Pernet ( Franc-Comtois ) et Hippolyte Saugrain ( Normand ) sont enfin autorisés par l'évêque de Nîmes, Mgr Cart, après un noviciat de 5 ans, à prononcer leurs vœux publics de religion. Cérémonie toute intime et sans témoins dans la chapelle du collège nîmois de l'Assomption [d'où le nom pris de "Augustins de l'Assomption"; la fête de l'Assomption étant par ailleurs une fête mariale importante dans l'Eglise catholique, pour des vœux annuels qui sont renouvelés et dits perpétuels l'année suivante, sauf pour le Frère Victor Cardenne déjà décédé de la tuberculose à Fontainebleau, le 14 décembre 1851, ouvrant ce qu'il est convenu d'appeler l'Assomption du ciel.
Cette Congrégation d'hommes a été précédée d'une autre, d'esprit, de forme et de direction semblables, celle des Religieuses de l'Assomption, fondée à Paris, en avril 1839, par un prêtre, l'abbé Combalot et Sœur Marie-Eugénie de Jésus Milleret de Brou, déclarée bienheureuse en 1975. Les deux familles, unies par une forte parenté spirituelle qui doit tout à leurs fondateurs, seront suivies au XIXème par de nouvelles créations, en 1865 les Oblates de l'Assomption qui fêtent également en l'an 2000 le centenaire de leur co-fondatrice, Marie Correnson (1842-1900) et les Petites Sœurs de l'Assomption, ces dernières fondées par le P. Pernet ( 1823-1899 ) et Antoinette Fage (+ 1883), enfin en 1896 les Orantes de l'Assomption.
Une désignation populaire pour une nouvelle Congrégation méconnue
La petite histoire veut que ce soit le lexicographe Emile Littré ( 1801-1881), peu suspect de sympathies congréganistes, qui ait fait à l'Assomption les honneurs d'une entrée posthume dans son dictionnaire, sous la définition assez dépréciative d'espèce de Jésuite des campagnes, le caractère rural ne devant pas accroître une quelconque forme de considération dans la succession de l'anticlérical notoire. La modeste compagnie que forme l'Assomption à la mort du P. d'Alzon, quelque 79 membres, novices compris, est sans doute bien connue localement à Nîmes, à cause de la notoriété de l'ancien vicaire général et de son collège qui a donné à la communautés dont 2 en Bulgarie, ne lui ont encore procuré ni le prestige des Ordres anciens ni la réputation d'une quelconque excellence dans une activité apostolique.
Du grand silence dans le monde savant au tapage médiatique dans la presse
Il est inutile de chercher dans une encyclopédie du XIXème la mention Assomptionniste: elle n'y figure pas. Elle apparaît sans doute pour la première fois en 1899 dans les colonnes de l'Annuaire catholique de Mgr Albert Battandier (1850-1921), publication commencée en 1898 et diffusée par la Bonne Presse, avant d'être reprise par le P. Eutrope Chardavoine (1869-1944). Ce n'est d'ailleurs pas un traitement de faveur par cette centrale de presse dont les Assomptionnistes sont les créateurs avec les PP. Vincent de Paul Bailly (1832-1912) et François Picard (1831-1903) puisque le style de l'Annuaire consiste à inventorier le plus finement possible toutes les institutions ecclésiastiques et religieuses.
Avec les deux religieux nommés, l'Assomption est d'ailleurs entrée depuis 1877 grâce à la presse et aux pèlerinages dans une forme publique de reconnaissance. Le très officiel Annuario Pontificio qui n'est encore que la Gerarchia cattolica réserve à l'Assomption deux colonnes depuis 1893, indice d'une reconnaissance ecclésiale manifeste après le décret de louange de 1857 et le décret d'approbation de 1864. Si en France notamment, les Jésuites se sont fait un nom réputé ( et redouté par le camp des laïques ) dans l'éducation, les Dominicains ou les Franciscains dans la prédication, les Assomptionnistes, au départ enseignants, sont entrés en lice dans ces deux secteurs de la presse populaire et des pèlerinages qu'aucun Ordre ou aucune Congrégation religieuse ne leur a disputés.
La revue jésuite des Etudes, conçue comme une revue savante dès 1856, ne peut rivaliser dans la formation d'un courant d'opinion avec un quotidien populaire. Avec Le Pèlerin, organe des pèlerinages crée en 1873, mais remanié comme magazine populaire illustré en 1877, avec La Croix, journal quotidien lancé en juin 1883, puis avec une constellation de Croix régionales, la vie des Saints, le Cosmos, les Questions actuelles, les Contemporains, le Noël ou les Causeries du Dimanche, la maison de la Bonne Presse ou la main d'œuvre féminine est placée sous la direction des Oblates, d'entreprise artisanale devient vite une véritable Centrale ou entreprise puissante de presse capable de créer des courants d'opinion, conçue et voulue comme une officine ou une tribune apostolique moderne d'évangélisation offensive pour rechristianiser les masses populaires. Mais ce qui cause la notoriété de l'Assomption se révèle aussi sa propre croix et presque son tombeau quand elle s'enlise ou s'enfièvre dans les questions de politique électorale, avec les Comités Justice-Egalité, ou les Catholiques, majoritairement conservateurs, sont très divisés et quand elle prend publiquement parti, avec les voix antisémites, sur une actualité glissante et féroce comme l'affaire Dreyfus. Le pape Léon XIII cède aux pressions gouvernementales de Félix Faure et d'Emile Loubet, sacrifiant la Congrégation à un exil obligatoire pour sauver l'entreprise de presse, remise à l'industriel Féron-Vrau (1901-1923).
Vie publique et tourmentée du nom " les Assomptionnistes"
C'est ainsi que la Congrégation, forte d'environ 300 membres en ces années 1899-1901, entre dans une période de tourments politico-judiciares, contrainte par un procès à quitter le sol français, avant la loi de 1901 qui frappe pratiquement toutes les Congrégations religieuses non reconnues, c'est-à-dire non-autorisées par le gouvernement français. Quelques romans l'avaient déjà fait connaître en appréciations contradictoires dans le cercle restreint des milieux mondains et littéraires dont celui d'Alphonse Daudet, compatriote nîmois du P. d'Alzon, Numa Roumestan (1881), le Lourdes de Zola (1894) ou encore le curieux essai de Louis de Chauvigny, Adveniat, publié à Paris en 1902, mettant en scène l'activité des religieux de la Bonne Presse à travers Joseph Ménard que l'on pourrait qualifier d'homme de paille des Assomptionnistes, bien introduit dans les milieux chics ou influents de la capitale. Ce roman mérite un véritable décryptage puisque tous les noms de lieux et de personne évoqués sont travestis et masqués.
C'est ainsi que les Assomptionnistes deviennent les Joséphins de l'Ascension, le P. Vincent de Paul Bailly le Père Sénéchal, le P. Picard le Père Bourguignon, La Croix La Résurrection Sociale et Le Pèlerin Sanctuaire. Le roman de Gyp, Jacquette et Zouzou, paru en 1901, reproduit des dialogues fictifs entre un Jésuite, le P. de Cotoya, et sa cuisine, Mme de Civray, qui ne sont aux yeux du P. Eutrope Chardavoine qu'un paravent littéraire pour un tissu de calomnies et de satires de la célèbre Compagnie supposée jalouse d'avoir été pour une fois évincée de sa première place de victime des lois Dreyfus, autofrançaises. Il ne faut pas attendre évidemment de Joseph Reinach (1865-1921), défenseur passionnées d'Albert Dreyfus, autour d'une monumentale histoire de l'affaire (1901-1911) beaucoup de sympathie pour les Assomptionnistes et leur journal-phare La Croix dont on sait qu'ils se sont opposés avec toute la hargne verbale de l' époque à toute idée de révision du procès du traître.
Dans ce concert polémique à charge, on ne peut être surpris du ton haineux de l'historien politique, Antonin Debidour (1847-1917), qui se fait le chantre de la défense républicaine menacée par ces moines- ligueurs, derniers zouaves pontificaux, dénoncés comme membre d'une congrégration remuante, riche, répandant une influence populacière et envahissante, affichant avec arrogance ses prétentions, ses haines et ses menaces. De la même veine et du même ton, l'article de Louis Ancel dans la Grande Revue (avril 1907), pourfendeur des dessous du Vatican, donnant des Assomptionnistes l'image de religieux intrigants sous des apparences de pieux apaches et infusant à la jeunesse des campagnes leur esprit étroit, sectaire et crédule. Tout est dit ou presque. Seule lueur de fraternité dans un combat devenu inégal, l'article du Jésuite italien, S.- M. Brandi; redacteur à la Civiltà Cattolica, en février 1900, intitulé Gli Agostini dell'Assunzione, un po' di storia, écrit de commande sans doute, en un temps de fraternisation intercongréganiste au feu des mêmes épreuves.
Dans un climat nouveau, des Assomptionnistes informateurs
Après la première guerre mondiale, le climat est changé. Le nom des Assomptionnistes n'est plus flétri sur la voie publique. Restent quelques scories ou lignes-souvenirs d'un temps révolu dans les manuels scolaires. Les grandes encyclopédies religieuses qui ont vu le jour demandent à des plumes assomptionnistes le soin de se présenter eux-mêmes aux lecteurs attentifs et cultivés de ces publications, ainsi le P. Matthieu Lombard en 1930 dans les colonnes du Dictionnaire d'histoire et de Géographie ecclésiastiques, commencé par Mgr Baudrillart (1859-1942), ainsi le P. Sévérien Salaville en 1937 dans le Dictionnaire de Spiritualité de Jésuite Viller, à l'article d'Alzon, ou encore le P. Merklen en 1948, dans le dernier-né de la série, Catholicisme, commencé cette même année 1948 par l'abbé J. Jacquemet. Ce choix nous paraît tout à fait symbolique : le P. Merklen, directeur de La Croix depuis 1929, n'est-il pas le religieux chargé de rompre les attaches du quotidien et des catholiques français avec ce chancre de l'idéologie nationaliste, l'Action Française, dont nombre d'entre eux ont partagé et propagé les idées ? Les années de la grande guerre et celles qui ont suivi ont provoqué un choc des mentalités, une brèche dans les dualismes faciles de blocs antagonistes et irréductibles.
Au contact de l'Orient et de ses Eglises aux rites variés, le Assomptionnistes ont découvert aussi une autre forme d'Eglise plus universelle, même si, formes à l'uniatisme, ils peinent encore à valoriser les traditions de l'Orthodoxie. Dans le Nouveau Monde ou l'Assomption a pris pied depuis 40 ans, on n'oppose pas, comme on avait pris l'habitude de la faire sur le vieux continent, les valeurs de la liberté à celles de l'Evangile. L'évolution des esprits, au-delà de l'adoption des nouvelles techniques, ne pousse-t-elle pas à franchir les barrières de préjugés anciens que l'on pouvait encore faire siens sans les revisiter? Les années 1930 marquent pour l'Assomption, conviée à d'autres horizons, des temps nouveaux, elle s'initie à quitter les rivages d'un ostracisme douloureux et d'une mémoire ternie au pays de ses origines pour s'aventurer sur le terrain neuf d'une autre expérience de la société et de l'Eglise, relativisant ainsi certaines pages écrites et vécues de son propre passé.
Dans le flux d'une évolution consonnante
Les encyclopédies et dictionnaires qui fleurissent à partir des années 1950 témoignent de cette évolution des temps et des esprits: si leurs rappels historiques n'évacuent pas les heures héroï-tragiques qu'a connues l'Assomption en France, ils l'encadrent du moins dans l'histoire globale des Congrégations aux prises avec l'Etat radical républicain. Les nombreux historiens de l'Eglise, de Dom Poulet à Edouard Lecanuet, de Daniel-Rops à Dansette, de Latreille aux classiques Fliche et Martin, avec le recul du temps et la prise en compte de la longue durée, insistent plus volontiers sur l'évolution de cette Congrégation et des publications qu'elle anime à travers la Bonne Presse, rebaptisée en 1969 Bayard-Presse, pour relever le Vigoureux effort de distanciation d'avec les vieilles thèses conservatrices.
Le Larousse du XXème siècle , l'Encyclopédie du même nom (article d'Eugène Jarry, édition de 1960), le Quid, crée à partir de 1963, l'Encyclopédia Universalis consacrent aux Assomptionnistes des notices informatives relativement courtes, se bornant à présenter leur action dan leurs activités types, enseignement, presse et pèlerinages. L'antique Hélyot et le romantique Montalembert sont renouvelés par le monumental Ordres religieux dirigé par Gabriel le Bras (1980). Plus modestement, une journaliste de Bayard-Presse, Claire Lesegretain, consacre 15 pages aux Assomptionnistes dans son ouvrage Les grands Ordres religieux. Hier et aujourd'hui (Fayard, 1990).
Un exercice du même genre a été demandé dix ans plus tôt au P. Maurice Laurent pour l'ouvrage collectif, Religieux et moines de notre temps, Cerf (1980), pages 209-221. Remarquons en passant qu'il n'est guère aujourd'hui d'étude historique sur la vie religieuse ou de l'Eglise Catholique au XIXème ou XXème siècle qui ne contienne au moins une fois ou l'autre une allusion à quelque assomptionniste, soit du temps de la fondation, soit du temps des luttes politico-religieuses, illustrant leur apostolat dans l'enseignement, les pèlerinages, la presse, l'œcuménisme ou la recherche (Instituts Augustinien et Byzantin).
La sympathique collection par région ou entités religieuses dite Dictionnaire du Monde religieux dans la France contemporaine, hormis le tome IX, ouvre généralement ses colonnes aux Assomptionnistes qui se sont faits un nom dans l'un de ces différents domaines. On peut s'étonner parfois de l'un ou l'autre silence. Que conclure de ce survol de la planète assomptionnistes dans la sphère élargie de la communication écrite? Il est certain que la notoriété tapageuse de cette Congrégation, exposée sur la voie publique par l'entreprise de la Bonne Presse et des pèlerinages, a commencé par une auto-diffusion, relayée ensuite par des tâcherons de l'actualité et de la vulgarisation, de façon plus ou moins sulfureuse, selon les inspirations ou les idéologies. Passé ce stade historique, les Assomptionnistes échaudés se sont faits d'eux-mêmes et sur eux -mêmes assez discrets, préférant travailler dans l'ombre ou dans l'anonymat commun aux Congrégations. Celles-ci, revenues sur le sol national sous le manteau, participent alors, après 1918, de l'atmosphère rassembleuse des souvenirs de la grande guerre.
Ce n'est qu'au fil des années pacifiées d'une République assagie que les Assomptionnistes reprennent l'initiative d'une communication plus ouverte, plus détachée aussi des vraies ou fausses légendes noires qui marquent leurs historiens pour labourer le terrain qui leur est propre ( collèges, instituts, œcuménisme, presse, pèlerinages ), en leur ouvrant largement leurs archives et en organisant, à la faveur du calendrier commémoratif, colloques, conférences ou communications, tous genres donnant lieu à des textes publiés accessibls à un public stimulant.